Les coronavirus chez le chat

Questions-réponses

  • Qu’est-ce qu’un coronavirus ?

 Les coronavirus sont une famille de virus à ARN, enveloppés, ce qui les rend peu résistants dans le milieu extérieur et facilement inactivés par les détergents et désinfectants. Cependant, le coronavirus félin est assez stable et peut rester infectieux durant 3 à 7 semaines en milieu sec. Les coronavirus du chien, du chat ou du porc ont un tropisme préférentiellement intestinal, alors que les coronavirus de l’Homme ont plutôt un tropisme respiratoire.

  • Comment les chats se contaminent-ils ?

 La contamination par le coronavirus entéritique félin (FECV) est principalement oro-fécale. Les litières sont la principale source d’infection, mais la salive peut également jouer un rôle dans les groupes de chats à forte concentration. Un chat peut commencer à excréter du coronavirus dans ses selles 1 semaine après avoir été infecté, et durant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Les ré-infections sont fréquentes, si bien qu’un chat peut avoir des périodes d’excrétions du FECV tout au long de sa vie. Le FECV ne provoque qu’une diarrhée bénigne transitoire qui peut passer inaperçue.

 Le virus de la péritonite infectieuse féline (FIPV) résulte probablement d’une mutation du FECV dans l’organisme du chat infecté. On estime que 10 % des chats infectés par le FECV développeront une PIF. Il ne semble pas possible qu’un chat atteint de PIF transmette directement le virus muté FIPV à un autre chat. La péritonite infectieuse féline (PIF) touche principalement des jeunes chats de moins de 2 ans. Certaines races apparaissent plus sensibles, comme le bengal. Un stress (anesthésie, changement d’environnement…) serait un facteur favorisant la mutation du FECV en FIPV.

  • La péritonite infectieuse féline est-elle toujours fatale ?

 A ce jour, il n’existe aucun moyen légal de guérir un chat atteint de PIF. Les traitements mis en place permettent de prolonger et améliorer la qualité de vie du chat, mais la PIF est toujours fatale à court ou moyen terme (quelques mois).

  • Pourquoi voit-on sur internet des cagnottes pour traiter des chats qui ont la PIF ?

 Récemment, le Dr Niels C. Pederson, un vétérinaire américain, a pu guérir plusieurs chats atteints de PIF, dans un cadre expérimental, en leur administrant un inhibiteur de protéases (GC376) ou un analogue de nucléosides (GS-441524). Mais le laboratoire américain qui a développé le GS-441524, qui semble le plus efficace, n’autorise pas son exploitation pour la médecine vétérinaire. Même si c’était le cas, développer un médicament autorisé prendrait plusieurs années. Les vétérinaires ne peuvent donc ni prescrire, ni importer, ni administrer les molécules vendues au marché noir et à un tarif très élevé par des exportateurs chinois. Les propriétaires de chats qui s’organisent en réseaux pour se procurer ces molécules le font en toute illégalité et risquent des sanctions potentiellement sévères : l’exercice illégal de la médecine vétérinaire est passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende; l’importation d’une substance pharmaceutique non autorisée est passible de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 € d’amende.

  • Peut-on vacciner les chats contre la PIF ?

 Il n’y a pas de vaccin contre la PIF en France. Un vaccin a été développé aux Etats-Unis, mais son efficacité est limitée, notamment chez les chats qui ont déjà été exposés au FECV, c’est-dire la majorité des chats !

  • Pourquoi les éleveurs ne travaillent-ils pas avec des chats indemnes de coronavirus ?

  Il est théoriquement possible d’obtenir un élevage indemne de coronavirus, mais c’est compliqué à mettre en place. Il faut déterminer le statut excréteur ou non de chaque chat par des PCR sur écouvillons rectaux. Comme il peut y avoir des faux négatifs, il est recommandé de faire pour chaque chat au moins 3 écouvillons espacés d’une semaine à un mois. Les chats sont ensuite regroupés selon leur statut excréteur, en isolant le plus possible les chats positifs (3 chats ensemble maximum). Bien sûr, l’hygiène des litières et de l’environnement des chats doit être irréprochable. Malgré ces précautions, certains chats restent excréteurs à vie. Travailler en élevage indemne suppose aussi de sélectionner des reproducteurs indemnes de coronavirus, ce qui réduit les choix. Ce n’est pas toujours souhaitable dans des races à faible pool génétique. Tout nouveau chat devra avoir eu 4 PCR négatives sur prélèvements rectaux espacés d’une semaine et une sérologie négative avant d’être introduit dans la chatterie. Enfin, l’éleveur ne maîtrise plus le statut infectieux de son chaton après le départ de celui-ci : s’il est adopté par une famille qui a déjà d’autres chats, celle-ci sera-t-elle assez motivée pour effectuer sur ses propres chats des sérologies ou écouvillons rectaux avant d’accueillir le chaton ?

  • Que penser du test génétique de résistance à la PIF ?

 Certaines races ou lignées semblent plus sensibles à la PIF, par exemple chez le bengal, le sacré de Birmanie ou le british shorthair. Des laboratoires de génétique ont donc cherché à mettre en évidence des gènes impliqués dans la sensibilité à la PIF.  Voici ce qu’en dit le conseil scientifique du LOOF en 2018 : « Récemment sont apparus des tests génétiques devant permettre de dépister des chats plus susceptibles de développer la PIF suite à une infection par un coronavirus félin. Ces tests s’appuient sur une seule étude scientifique ayant analysé certaines parties du génome félin chez les chats ayant développé une PIF. Pour le moment, l’absence de données complémentaires ne permet pas d’apprécier l’intérêt de ces dépistages. » Ce test n’est donc pas recommandé, car la sensibilité à la PIF implique probablement de nombreux gènes, et un résultat favorable de ce test pourrait donner une fausse impression de sécurité.

  • Connaît-on les symptômes de la Covid-19 chez les chats ?

 Le virus responsable de la Covid-19 est le SARS-Cov-2. Comme il a émergé récemment, nos connaissances sur ce virus sont limitées et doivent être régulièrement réactualisées. Des chats ont été testés positifs au SARS-Cov-2 sporadiquement un peu partout dans le monde. La plupart ont été asymptomatiques, d’autres ont eu des symptômes respiratoires (toux, dyspnée) et digestifs (anorexie, vomissements, diarrhées) qui disparaissaient au bout de quelques jours.

  • L’affection peut-elle être grave pour eux aussi ?

  L’infection des chats est le plus souvent asymptomatique ou bénigne. Toutefois, sur trois chatons âgés de 10 à 14 semaines qui ont été infectés expérimentalement, un chaton est mort 3 jours après l’exposition au virus.

 Un chaton contaminé par son propriétaire en Ecosse a également succombé, tout comme un chat de 4 ans en Espagne, également contaminé par son propriétaire mais qui présentait aussi une cardiomyopathie hypertrophique.

  • Les chats peuvent-ils se transmettre le virus entre eux ?

 Des chats errants de Wuhan ont été testés positifs au SARS-Cov-2. On ignore s’ils ont été contaminés par des humains qui les nourrissaient, par l’environnement ou par d’autres chats.

 Des chats ont été infectés expérimentalement et ont ensuite contaminé d’autres chats, la transmission entre chats parait donc possible.

  • Y a-t-il un fort risque de transmission entre chat et humain et inversement ?

 A ce jour, aucun cas de transmission de chat à humain n’a été reporté.

 Les diverses études qui ont été menées montrent que la contamination des chiens ou chats par les humains est variable, et qu’une bonne hygiène permet de réduire nettement le risque de contamination des animaux.

Dr Vét. Séverine MANUEL

Glossaire :

Asymptomatique : qui ne présente aucun symptôme.

Dyspnée : respiration difficile et pénible.

Nucléoside : élément constitutif des acides nucléiques, ADN et ARN.

PCR : Polymerase Chain Reaction : technique de détection d’ADN par amplification d’une séquence d’ADN.

Protéase : enzyme qui coupe les liaisons peptiques des protéines.

Transmission oro-fécale : transmission d’un agent infectieux qui pénètre dans l’organisme par voir orale et qui est excrété dans l’environnement via les selles.

Tropisme : orientation, attraction.

Bibliographie :

DEDET V. (2020). SARS-CoV-2 chez le chat : trois descriptions, trois conclusions. Lefil.vet

PEDERSON NC (2019). Fifty years’ fascination with FIP culminates in a promising new antiviral. Journal of Feline Medicine and Surgery, 2019, Vol. 21(4) 269–270


THIRY E. (2015). Virologie clinique du chien et du chat. Puteaux, Les Editions du Point Vétérinaire, 213 p.

Sites internets :

http://www.abcdcatsvets.org/feline-infectious-peritonitis/

http://www.abcdcatsvets.org/wp-content/uploads/2015/09/FR_FIP_La_peritonite_infectieuse_feline.pdf

http://www.abcdcatsvets.org/sars-coronavirus-2-and-cats/

https://loof.asso.fr/sante/sante.php

Règlementation française :

Article L243-4 du Code Rural.

Articles L5421-2, L5421-13 et L5421-14 du Code de la Santé Publique.